MDCQ

André Larocque, sous-ministre à la réforme démocratique dans les deux gouvernements Lévesque – entre autres – et Roméo Bouchard, fondateur de l’Union paysanne – entre autres – sont les initiateurs du Mouvement Démocratie et Citoyenneté québécoises (MDCQ). Ils vous proposent ce texte paru le 13 juin 2022 dans les pages d'opinion du Journal de Montréal.

Que peut faire Legault face au mur d’Ottawa ?

Réponse brève : miser sur le peuple québécois lui-même.

Legault aime et respecte le peuple québécois. Il répète qu’il veut bâtir patiemment un rapport de force avec Ottawa fondé sur le peuple lui-même, de façon à ce qu'il soit bien clair que ce n'est pas à Legault mais au peuple québécois que Trudeau dit non. L’arme pour enfoncer le mur d’Ottawa, en effet, c’est le peuple québécois, c’est la démocratie, c’est la souveraineté du peuple. En ce sens, Legault est un digne disciple de René Lévesque, démocrate avant tout. 

On est donc bien loin d’une bataille de coqs entre Justin et François ! On est devant une bataille où le principal acteur est, doit être le peuple québécois. Or, ce qui manque le plus dans le débat actuel, c’est justement le principal acteur, le peuple. La bataille pour la survie de la nation est en train de se faire sans la nation…! La responsabilité première du Premier ministre du Québec n’est pas de répliquer à celui du Canada. Sa grande responsabilité est d’habiliter les Québécois à décider eux-mêmes du sort de la nation.

 

Donner la parole au Peuple

Legault doit d’abord gagner un vote populaire significatif en faveur d’un gouvernement qui s’engage à servir la volonté de vivre du peuple québécois. On a beau dire, le vote populaire demeure le seul exercice de démocratie directe dans notre système.

Ensuite, une fois élu, il doit donner la parole au peuple québécois. Il y a plusieurs moyens possibles pour ce faire. Le référendum en est un, mais il n’est pas toujours le meilleur : un référendum, par définition, divise, dresse la nation en deux camps opposés et ne cherche pas la réconciliation mais la victoire du plus fort. Des États généraux, comme a suggéré Legault, ou une vaste commission sur le modèle Bélanger–Campeau, seraient déjà mieux, puisque ces exercices permettraient d’amasser une importante masse d’informations et d’opinions, à condition qu’elles fassent place aux citoyens et ne se limitent pas aux représentations des corps constitués et des spécialistes.

Le ministre Jolin-Barrette a aussi fait allusion à la possibilité de doter le Québec de sa propre Constitution. La question est fondamentale. Mais à condition que ce soit une Constitution écrite par le peuple et non par une poignée d’élus partisans ou de juristes. La meilleure chose que pourrait faire Legault serait sans contredit de confier à une Assemblée citoyenne non partisane et représentative du peuple québécois le mandat de consulter les Québécois et de proposer un texte de Constitution pour le Québec. C’est ce qu’on appelle une Assemblée constituante, une Constitution étant justement ce qui constitue un pays, une nation, un État. L’idée est d’ailleurs de plus en plus répandue au Québec.

Qui gagnera dans un tel exercice? Un seul vrai gagnant possible : le peuple. Il y a un mot pour ça : ça s’appelle la démocratie. Nationalistes, indépendantistes, fédéralistes, autonomistes… tous auront droit au chapitre. La stérile bataille des idéologies doit laisser la place à l’essentiel pour un peuple : la démocratie, sa propre souveraineté.

Il ne restera par la suite qu’à faire adopter ce projet de Constitution par un référendum national. Ainsi, le référendum porterait sur une Constitution écrite par le peuple plutôt que sur une question concoctée et contrôlée par un parti politique. C’est ce que font les pays démocratiques normaux, depuis les Américains qui ont ouvert la voie : « Nous, le peuple du Québec, proclamons la présente constitution… »

 

Le pouvoir du Peuple

Dès lors, en vertu des chartes internationales sur la souveraineté du peuple et le droit des peuples à l’autodétermination, et conformément au Jugement de la Cour suprême du Canada dans le Renvoi relatif à la sécession du Québec (1998), Ottawa sera juridiquement tenu de négocier la mise en œuvre de la volonté clairement exprimée du peuple québécois concernant le statut et les institutions politiques du Québec, faute de quoi, le Québec sera justifié de procéder unilatéralement aux changements adoptés par le peuple québécois. « La volonté du peuple est le fondement de l’autorité des pouvoirs publics » (Déclaration universelle des droits de l’homme, article 21).

Alors seulement nous pourrons dire que François Legault a mené à bon port le rêve non seulement de René Lévesque mais aussi de Champlain et de Papineau : un Pays grandiose au cœur de l’Amérique, un Peuple égalitaire, une Nation fière de ses origines, un État démocratique.


LISEZ D'AUTRES ARTICLES

CONSULTEZ LA PLATEFORME ÉLECTORALE NON PARTISANE DU MDCQ