MDCQ

MÉMOIRE SUR L’AVENIR DE LA LANGUE FRANÇAISE

présenté par le MCDQ à la Consultation du Ministère de la langue française sur l’avenir de la langue française au Québec

Chaque petit peuple est un Soleil,

Beauté de plus à l’Univers,

C’est grave erreur et grande horreur

Que de le piquer pour qu’il meure! »

(Félix Leclerc, Rêves à vendre ou Troisième calepin du même flâneur, 1984)

Un peuple est comme un arbre : il s’enracine dans un territoire déterminé, il construit son tronc et ses branches à travers son histoire et il s’exprime par une langue commune, qui, comme un grand feuillage, lui permet de respirer l’énergie du Soleil et d’entrer en rapport avec tout ce qui l’entoure.


Langue et identité

La langue commune d’un peuple ne peut être dissociée de son identité comme peuple, comme nation et comme État. Un peuple ne peut vivre sans langue commune, mais également, la langue commune ne peut survivre sans l’attachement à la nation. C’est pourquoi d’ailleurs chaque nation imprime à sa langue une couleur et une vie qui lui est propre.

Ce qui menace notre langue commune, présentement, ce n’est pas l’anglais comme tel, mais la mondialisation économique et culturelle, et l’effacement des nations qu’elle génère, au profit d’une culture numérique mondiale de divertissement et de bien-être matériel. Ce qui est en péril, surtout chez un petit peuple enclavé comme le nôtre, c’est l’attachement et l’engagement envers une identité nationale et une citoyenneté distincte et commune.

C’est pourquoi nous pensons que tous les efforts pour revaloriser l’usage de notre langue commune risquent d’échouer s’ils ne s’enracinent pas dans une réappropriation de notre identité comme peuple, comme nation et comme État national. Céder à la pression de l’anglicisation c’est se détacher affectivement et intellectuellement de notre identité historique et de notre citoyenneté québécoise.

Ce qu’il faut réveiller et consolider, si nous voulons revaloriser l’usage de la langue québécoise commune, c’est notre identité, dans ses fondements même.


Un peuple de sans-papiers

Or un peuple, une nation, un État national se définit et se constitue politiquement par une CONSTITUTION. Et nous n’en avons pas. Nous ne sommes constitués, comme peuple, comme nation et comme État national, que de bribes de dispositions constitutionnelles éparses, héritées de notre passé colonisé, que nous n’avons jamais endossées et qui ne collent pas à ce que nous sommes. La Constitution canadienne de 1982 nous lie sans nous constituer, car elle n’a jamais été approuvée par le peuple ni le gouvernement du Québec.

Nous sommes, les Québécois et Québécoises, des « sans-papiers », un peuple sans constitution, une province minoritaire dans un pays multiculturel, égarée au milieu d’un pays et d’une Amérique qui ne parlent pas notre langue. Nous n’avons pas de carte d’identité ni de citoyenneté officielle ni de titres de propriété ; nous sommes soumis à l’arbitraire de la loi commune britannique ; nous sommes une démocratie sans le peuple, dans laquelle nous ne décidons pas.


Urgence d’initier un processus constituant

L’essentiel de notre message à cette Consultation, c’est l’urgence de nous doter, comme peuple, nation et État québécois, d’une Constitution qui nous définisse tel que nous sommes et tel que nous voulons être comme Québécois, en 2023.

Et dans notre esprit, une telle constitution ne peut être écrite dans sa totalité que par le peuple québécois lui-même. Cette constitution doit être le fruit du meilleur consensus possible et réalisable auquel parviendront l’ensemble des Québécoises et Québécois d’aujourd’hui en matière de statut, d’institutions et de choix politiques pour le Québec.


En conséquence, notre recommandation unique est la suivante :

NOUS DEMANDONS À L’ASSEMBLÉE NATIONALE DU QUÉBEC

DE CONVOQUER, D’ICI LE LE 1er JANVIER 2024, UNE ASSEMBLÉE CONSTITUANTE CITOYENNE NON-PARTISANE, REPRÉSENTATIVE DE LA POPULATION ET DU TERRITOIRE QUÉBÉCOIS, ET ENTIÈREMENT LIBRE DE SES DÉLIBÉRATIONS, DONC IDÉALEMENT TIRÉE AU SORT, 

MANDATÉE POUR CONSULTER LA POPULATION ET PROPOSER LE TEXTE D’UNE PREMIÈRE CONSTITUTION QUÉBÉCOISE OÙ SERONT DÉFINIES LES MODALITÉS DE NOTRE SOUVERAINETÉ POLITIQUE ET DE NOTRE RAPPORT AVEC LE CANADA ET LE MONDE,

TEXTE QUI DEVRA ÊTRE SOUMIS TEL QUEL À UN RÉFÉRENDUM POPULAIRE AVANT LA DATE PRÉVUE DES PROCHAINES ÉLECTIONS DU QUÉBEC.

 

En conclusion

Mon Peuple « pas souverain »

Mon pays « pas à nous »

Ma nation « sans papiers »

J’en appelle à toi!

Congédie sans pitié les faiseurs d’élections

Convoque sans tarder l’Assemblée populaire

Qui écrira de sa main nos droits et nos choix

La Charte qui nous guidera

La Constitution qui nous définira

Les papiers qui nous légitimeront

Et nous permettront de dire au monde entier, dans notre langue,

Qui nous sommes et de quoi nous rêvons.